mardi 5 décembre 2006

Le passé est une présence


En livrant, d’entrée de jeu, les personnages et les lieux de son film Encontros, Pierre-Marie Goulet se libère de la chronologie d’un récit trop précis pour n’en conserver que les souvenirs.

Manuel Antonio Pina ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que nous sommes faits de souvenirs. C’est la seule chose que nous possédions. La poésie est une forme de construction de notre mémoire. Il ajoute qu’il n’y a pas de passé, que n’existe que le présent. Le passé existe dans le présent sous la forme de la mémoire. C’est une présence.
(…)
Comment traiter de la disparition d’un monde, de ce temps d’autrefois que le silence dévore ? Comment ne pas désespérer à la pensée de la perte d’un merveilleux imaginaire, de ce quelque chose de plus grand que la vie.

Le don de poésie de Virginia répond à cette interrogation. (…) Déjà présente dans le film de Pierre-Marie Goulet dédié à Michel Giacometti, elle resplendit, illumine « Encontros » d’une inspiration sûre, puisant à la source de la poésie populaire.

Il faut aussi parler du montage du film, de cette manière unique au cinéaste, de relier les personnages et les lieux, de tracer un territoire imaginaire entre montagnes, champs d’oliviers et mer éblouissante.

La structure en boucle du film où l’on suit, à la fin, le même chemin de campagne à travers champs, accumule en ce dernier parcours les éclats sonores de l’œuvre entière. Et l’oreille se souvient attentive à un ressac qui ne nous quitte pas de longtemps, comme ce qui repose en nous d’une mémoire, d’un poème.
Serge Meurant.
in Revue Doc.pt nº4/ Novembre 2006